Un éleveur de Landes de Bretagne m’aura donné la possibilité de découvrir le travail de thèse de Mme Catherine RODDE à l’Université de Rennes.
Le document a pour titre ; “Contribution à l’étude du régime alimentaire d’un phytophage domestique (ovis aris L.) élevé en zone d’inculture (les landes de l’Arrée)“. Publication de 1977.
Il y est essentiellement question du régime alimentaire des moutons sur des pâturages de landes. Mme Rodde fait un certain nombre d’observations et de relevés sur plusieurs populations ovines parmi lesquelles le race “Bizet”, la race “noir du Velay”, la race “Solognot”, la race “Swaledale” ainsi que “la souche Ouessant” (je cite l’auteur). L’étude se déroule sur l’année 1975.
L’ouvrage est riche de 256 pages, sans compter la conclusion et les nombreuses annexes.
Je vous livre, donc, des extraits choisis du travail de Mme Rodde , en ne m’autorisant aucune interprétation.
….Ce travail, en partie financé par le Parc Régional d’Armorique, a été entièrement réalisé sur les Landes du Menez Meur …(Introduction)
….Nous avons tenté de répondre à ces questions dans un mémoire de DEA (Rodde 1974), en démontrant qu’une pseudo race baptisée “Ouessant actuel” pouvait utiliser la lande actuelle pendant toute l’année, et surtout pouvait croître et se reproduire en l’absence de toute supplémentation importante. Mais cette “race”, faiblement représentée, non stabilisée ne pouvait fournir le cheptel de base valable pour tenter une expérience en “vraie grandeur”……(page VI)
….En définitive, les enclos sont au nombre de 5 : – Un enclos de 20 hectares, construit en 1973, ou s’est déroulé l’expérience d’élevage avec la souche Ouessantine (DEA 1974)….(page 40)
…. Introduction. Nous avons déjà exposé le problème posé par les moutons de la souche d'”Ouessant” utilisés pour la première année d’expérience : Il n’en reste plus qu’un petit nombre (1800 têtes) qui présente, de plus, une grande hétérogénéité. Il était donc de peu d’intérêt d’expérimenter l’élevage intensif sur la lande à partir d’une souche aussi incertaine,….(page 49)

page 50 bis, avec pour indications ; Concours de Nantes. Race Bretonne. (1854 ?). Dessiné d’après le daguer reotype (lien). Mouton de 3 ans, présenté par Mr Joren ?, à Bouaye (loire-inférieure). Prix de la 2e catégorie de la 2e classe – Race des Landes de Bretagne. Lithographie à l’imprimerie Impériale. Photographie originale d’un mouton vivant sur les landes Bretonnes au siècle dernier. (Bibliothèque personnelle de Monsieur Theret, Maison-Alfort).
…. Nous avons fait venir 4 groupes de moutons de 10 individus chacun des régions suivantes (page 50)…….Parallèlement, nous avons gardé le groupe de moutons d’Ouessant, expérimenté en 1974. Cette souche ovine, en principe locale, peut être considérée comme un témoin par rapport aux races importées, si l’on admet que ces animaux se soient adaptés à la vie sur lande et au climat finistérien, après un an de séjour. Il faut tenir compte, cependant, de ce que les animaux vivaient depuis un an déjà sur la lande dans un enclos de 20 hectares et de ce que la composition du groupe n’est pas comparable à celle des autres. En effet, les animaux d’Ouessant sont d’âge différent et leur effectif est moins important que celui des 4 autres…..(page 51)
… Les animaux que nous avons utilisés dans notre expérience ne sont pas de race pure, quoiqu’issus de l’ancienne race de l’île d’Ouessant….(page 51)
….La race d’Ouessant.
Les moutons qui vivaient sur l’île d’Ouessant jusqu’au début de ce siècle étaient de petite taille, de coloration le plus souvent noire ou quelques fois blanches, les mâles étant cornés.
Enquête élevages actuels. Poids : – naissance de 1 à 1,5 kg
– brebis de 12 à 15 kg
– béliers de 15 à 20 kg.
Ils étaient réputés pour leur rusticité et leur résistance aux maladies et conditions climatiques qui règnent sur l’île, particulièrement pendant l’hiver qu’ils passaient dehors.
Actuellement, ces animaux ont disparu de l’île. On en retrouve quelques noyaux en Vendée, en Loire-Atlantique, en Morbihan et en Finistère où vit, depuis quelques années au Parc Naturel d’Armorique, la souche conservée pendant plus de 40 ans au Muséum d’Histoire Naturelle de Paris.
Il est intéressant de constater que les animaux, ainsi dispersés et vivant maintenant sur des pelouses de parcs ou des prairies plus ou moins riches manifestent toujours une remarquable rusticité (enquête dans les élevages Vendéens et de Loire-Atlantique, printemps 1976).
– La race actuelle dite d’Ouessant.
Aujourd’hui, la quasi-totalité des brebis sont blanches mais il subsiste quelques sujets noirs ou pie-noirs (coloration “Bizet” ou type Larmier, Lauvergne 1976, comm. pers.).
Le recensement du mois de février 1976 a donné un cheptel de 1800 brebis totalement disparates : ce sont les produits issus de mélanges incontrôlés de races diverses. Le premier apport de béliers sur l’île a, en effet, été effectué dès 1904 dans le but d’améliorer le poids et la taille de la petite race d’Ouessant. Il s’agit de moutons de la race des Monts d’Arrée et des races Berrichonne ou Texel. De plus, le naufrage d’un bateau Grec a permis l’arrivée sur l’île de 3 brebis et d’un bélier de race Merinos.(page 52)
L’apport de béliers du continent, en modifiant la forme et la couleur, a introduit certains parasites auxquels les brebis sont très sensibles : ténia, coccidie, strongle et parasites externes.
Les brebis ont acquis cependant une meilleure prolificité : des naissances de triplés sont mêmes observées.
– Les pâturages.
Ils sont assez riches mais la non utilisation estivale pour la production de foin réduit considérablement les surfaces pouvant être exploitées ensuite par les brebis. Il en résulte une sous alimentation saisonnière des animaux. Celle-ci, parfois liée à un manque d’eau (été 1976) et à des infestations parasitaires importantes, conduit à un état général médiocre.
– La conduite de l’élevage.
Elle n’a guère changé depuis le début du siècle. Les brebis sont attachées au piquet près des maisons d’habitations, du mois de février à la mi-septembre : c’est la période d’agnelage et de lactation. Elles sont ensuite lâchées toutes ensemble sur l’île, avec les béliers, pendant l’automne et l’hiver : c’est la période de lutte et le début de la gestation. Les effectifs sont faibles, chaque éleveur ne possédant souvent que 2 brebis et parfois une vingtaine au maximum, ce qui représente le total de 1800 brebis pour îliens éleveurs sur une superficie de 1200 hectares répartis en 50 000 parcelles !
– Les animaux d’expérience.
Les moutons ont été achetés sur l’île au cours de l’année 1973, pour la plupart, et ont été mis sur lande avec un apport alimentaire suffisant pour les entretenir : la végétation de la lande ne constituait alors qu’un appoint facultatif. (page 53)
En mars 1975, nous avons constitué le groupe d’expérience :
– 4 femelles suitées d’âges différents ;
– 1 agnelle suitée née en 1974 sur lande ;
– 1 bélier adulte de 4 ans ;
– 1 bélier âgé d’un an.
Tous les individus étaient de coloration noire du type larmier, à l’exception d’une brebis blanche, représentative des 95% de l’effectif néo-ouessantin actuel. (page 54)
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