Mouton d'Ouessant : La Bergerie d'Inès

"Puisque le vieux mouton d'Ouessant a subi une sélection par la couleur noire, c'est qu'il en possédait d'autres"

   Avr 16

Bos taurus primigenius

Aurohs préhistorique

Aurochs préhistorique

Il ne s’écoule pas une année scolaire sans que je n’explique à mes étudiants ce que fût l’Aurochs.

Robuste mammifère disparu récemment dont Wikipédia donne une définition assez complète : 

L’aurochsn 1 (ou auroch1,n 2) est une espèce disparue de bovidé, ancêtre des races actuelles de bovins domestiques, et appartenant au genre Bos. Son nom scientifique est Bos primigenius mais, selon les auteurs, il peut être considéré comme une sous-espèce (Bos taurus primigenius) des bovins de l’espèce Bos taurus. Il est également désigné parfois par les noms d’urus ou ure; ces appellations étant toutefois considérées comme anciennes, elles sont surtout utilisées dans les mots croisés. Menacé par la domestication et la chasse, l’aurochs n’existait plus qu’en Europe de l’Est à partir du XIIIe siècle, avant de s’éteindre dans la première moitié du XVIIe siècle (le dernier spécimen aurait été tué en 1627 dans la forêt de Jacktorow en Pologne). L’aurochs a fait en 1920 l’objet de tentatives de reconstitution par élevage sélectif de races bovines. Les frères Heinz et Lucks Heck créèrent une espèce s’en approchant, appelée aurochs de Heck, que l’on peut observer aujourd’hui en Europe, comme dans la forêt de Rambouillet, en France.

Je souris à la lecture de cette définition proposée, constatant son terme qui explique brièvement les tentatives de reconstitution de cet animal sauvage disparu. Tiens, tiens !!

Superbe Aurochs reconstitué

Superbe Aurochs reconstitué

Mais alors, que faut il comprendre ? L’Aurochs n’est plus,… victime, comme tant d’autres animaux de la création, de la prédation de l’homme. Par définition, un animal sauvage est le fruit d’une lente évolution généralement impactée par un contexte naturel (prédation, alimentation, habitat, climat, etc..). Pour plus de détails, je vous invite à fouiller un peu l’internet, s’y trouve une foule de précisions.

Une fois disparu, sur quelles bases reposèrent les différentes tentatives de reconstitution de l’Aurochs ?

Une fois encore, un petit tour sur Wikipédia :

L’« aurochs reconstitué » selon son nom officiel au sein du catalogue des races bovines françaises (code race n°3041) ou « aurochs de Heck » (nom vernaculaire le plus courant en France jusqu’à la fin des années 1990)n 3, ou « néo aurochs », est une sélection de races bovines domestiques menée en Allemagne dans les années 1920 et 1930 par les frères Heck. Ce mélange visait à recréer le type originel sauvage des bovins domestiques, c’est-à-dire l’aurochs originel, Bos primigenius.

Mon esprit taquin relève quelques éléments de confusion dans cette définition. Il y est question de “Aurochs reconstitué“, de “néo-Aurochs“, de  “créer le type original“, ou encore de “l’Aurochs original“.

“Original”…”Originel”, ça me rappelle quelque chose images (7)

Si je résume, il s’agissait de recréer un animal sauvage de type “Bos” par comparaison d’avec des traces anciennes, à l’aide de caractéristiques morphologiques observées au sein de sa descendance domestique. Donc recréer un animal sauvage à l’aide de races domestiques ??

Ne serait il pas préférable de comprendre que l’Aurochs reconstitué le fut à partir de lignées de sa descendance en tenant compte des caractéristiques phénotypiques qui lui étaient prêtées, et uniquement phénotypiques ?

Résultat : Un nouveau type domestique, qui ressemble à un ancêtre sauvage, morphologiquement mais plus génétiquement….ou si peu.  Autant dire du Canada Dry !

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Du Canada Dry, qui malgré tout inspire le respect 🙂

Revenons à nos moutons. 

La grande différence d’avec ce type bovin-reconstitué est qu’il est raisonnable de penser que le patrimoine génétique de notre mouton d’Ouessant n’a jamais complètement disparu d’une part mais également qu’aucun type ovin moderne n’a comme origine ce petit mouton insulaire (même si la parentée d’avec les Landes de Bretagne n’est pas claire). On peut dire, je pense, que dans une partie plus ou moins importante le génotype moderne du Ouessant est comparable à la moyenne des génotypes rencontrés sur l’île avant ……. l’importation sur l’île de gabarits bouchers, avant la vie continentale du Ouessant. Cependant, il n’est pas possible d’exclure que son phénotype ait évolué, …..depuis 1976 et surtout avant.

C’est un atout essentiel dans le travail de sélection que je mène et dont je n’envisage pas la fin.  Voilà que je pense posséder une richesse génotypique d’une part, bien que je la sache polluée (*) par une vie continentale, alors que d’autre part mes réflexions et incessantes remises en cause m’autorisent d’imaginer une diversité phénotypique m’appuyant sur quelques traces iconographiques et sur l’observation du vivant actuel. Ajouter à ce cocktail, une dose de bon-sens et  d’innombrables débats d’avec mon ami Creusois, je trace ma route…

(*) J’écris “polluée”, mais je reconnais également que l’on pourrait considérer que tout changement notable ou mineur accumulé par le Ouessant devenu continental n’est qu’une évolution normale pour un type ovin.

Je tends vers un mouton d’Ouessant “reconstitué”, car il ne peut plus en exister d’autres, son avantage majeur résidant dans la non-disparition totale de sa génétique. 

Pour faire simple, de façon arbitraire et logique j’ai validé le morphe d’une lignée historique comme mon Auroch-étalon (sur la plupart des caractéristiques qu’elle exprime et restant conscient de sa très faible variabilité génétique), “je l’enrichi” phénotypiquement selon mes convictions étayées. Je tends vers mon Ouessant-reconstitué en sauvegardant la génétique restante dans cette lignée, en la nourrissant de façon raisonnée, en excluant par le principe de dilution la génétique d’un autre type trop différent, non légitime.

DOS D’ÂNE, fils de NOA, petit-fils de LOUISON, arrière petit-fils d'OURANOS,........

DOS D’ÂNE (1 mois d’âge), fils de NOA, petit-fils de LOUISON, arrière petit-fils d’OURANOS,……..

Si Dieu me prête vie assez longtemps, je transmettrai aux générations de bergers qui prendront nos troupes des sujets bien plus “originels” phénotypiquement (voir Chabal) et génétiquement (voir Hornblower) que nombres de troupes composées de sujets-ponts dont le long travail de dilution a avorté prématurément. Je pense ici à ce que nous connaissons de la plupart des sujets Grey et Bruns contemporains……..

 

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