Mouton d'Ouessant : La Bergerie d'Inès

"Puisque le vieux mouton d'Ouessant a subi une sélection par la couleur noire, c'est qu'il en possédait d'autres"

   Mai 15

Sans eux ….

 

Sans ces quelques animaux (voir carte ancienne), notre joli petit mouton d’Ouessant aurait probablement disparu. Les quelques rares sujets ayant, par bonheur, quitté île d’Ouessant avant le début du 20ème siècle, auraient fini par être absorbés par des races plus grosses.

Vous allez me dire comment ce petit troupeau de moutons d’Ouessant a t-il pu jouer un si grand rôle ? Peut être pas obligatoirement comme vous l’envisagez !    Je vais vous raconter une petite histoire.

Ce troupeau fût photographié au jardin des plantes aux environs des années 1905/1910 vraisemblablement. Les descendants des moutons en photo comptèrent parmi les sujets à partir desquels la sauvegarde de la race s’organisa dès 1976.  Mais là n’est pas le plus grand mérite du troupeau en photo.

Dans les années 50, alors qu’il se rendait de la gare Montparnasse à la gare du nord, un jeune étudiant de l’école des mines de Lille se mit en tête de traverser la capitale à pieds. Amoureux du monde du vivant, il eu l’heureuse idée de traverser le jardin d’acclimatation …….. et eu le coup de foudre salvateur. C’est à cet instant que Paul Abbé tomba sous le charme des moutons d’Ouessant qui étaient présentés aux visiteurs ;  cela même descendants du troupeau en photo ci-dessus. Paul fît le vœux, une fois établi dans sa vie d’homme, de retrouver ce petit mouton qui lui fît tant d’effet.

Mr Paul Abbé fondateur et président du GEMO

Mr Paul Abbé fondateur et président du GEMO

C’est ainsi qu’au début des années 70, il prit la mesure du danger d’extinction qui planait sur notre mouton favori. C’est en 1976 qu’entouré de quelques passionnés, il créa le GEMO (groupement d’eleveurs de moutons d’Ouessant) et rédiga le standard de cette race. Depuis cette date et à partir de trois ou quatre troupeaux résiduels, l’effectif total des moutons d’Ouessant ne fît que croître. Cette race n’est plus considérée comme en voie d’extinction.

Sans eux …. (moutons carte ancienne), il est probable que le plus petit mouton du monde aurait disparu au même titre que nombre d’autres races ovines.

Là ne s’arrête pourtant pas l’intérêt de ce troupeau de moutons d’Ouessant du jardin d’acclimatation. C’est ainsi qu’au début de l’année 2009, je pris contact avec le muséum d’histoires naturelles de Paris afin d’y chercher d’éventuelles traces des sujets exposés au jardin d’acclimatation. Et bim…. j’en ai trouvé quatre !!!

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Le 15 juillet  2009, j’ai donc fait la connaissance de spécimens de 1911, 1921, 1930 et 1966. Quelle chance d’avoir eu accès à une telle richesse et surtout d’avoir pu en exploiter l’étude.

Sur la carte ancienne, j’observais une taille au garrot des moutons assez conséquente, ainsi qu’une allure générale relativement élancée………….. qu’en était il vraiment ?

Armé de mon appareil photo, d’un mètre de bricoleur, des registres du muséum mis à ma disposition, d’une grille  d’extrapolation des hauteurs au garrot et de quelques modestes notions de biologie, je partais à la conquête de ces quatre squelettes, non assemblés, qui attendaient depuis tant d’années.

Pour faire simple, la principale donnée que je cherchais à valider concernait la taille au garrot des moutons du début du sciècle dernier (avant sélection orchestrée par les membres du GEMO). Il ne faisait aucun de doute pour moi, que les moutons du jardin d’acclimatation n’avaient pas subi le même type de selection que celui en vigueur sur l’ile (de l’importance de la sélection) depuis plus ou moins de générations. Donc avaient developpé des caractéristiques autres ……

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Bref, j’ai donc fait le choix de mesurer trois os différents par moutons, soit douze mesures au total. Rapporté à la grille d’extrapolation des hauteurs au garrot, chaque os me livra sa vérité (voir tableau ci-dessous).

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Lecture rapide :  Les hauteurs au garrot furent extrapolées à partir des fémurs, scapules et radius de chacun des moutons. Elles indiquent une hauteur d’environ 52 cms pour la brebis de 1911, d’environ 50 cms pour la brebis de 1921, d’environ 57 cms pour le bélier de 1930 et d’environ 50 cms pour la brebis de 1966.

Pour rappel : Le standard du mouton d’Ouessant indique une taille maxi de 49 cms pour les béliers et de 46 cms pour les brebis.

En conclusion, les moutons noirs qui attirèrent en leur temps la sympathie de Mr Paul Abbé étaient alors bien plus grands que ne l’autorise le standard.  Le standard du GEMO est établi pour garantir la petit taille du mouton d’Ouessant au regard de cette particularité acquise au fil des siècles écoulés. Le troupeau du jardin d’acclimatation a échappé à cette selection………  Ils fûrent de vrais moutons d’Ouessant …. sortis d’un contexte de sélection naturelle et humaine propre à l’ïle.

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